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D’ingénieur à photographe : Julien a fait de sa passion son métier

D’ingénieur à photographe…

Julien a quitté le milieu de l’ingénierie pour devenir photographe et vivre de sa passion tout en exprimant sa créativité.

Il nous partage son parcours de reconversion…

Julien, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours d’ingénieur à photographe et sur ce qui vous a motivé à quitter l’ingénierie?

J’ai un parcours classique à la base, plutôt avec des facilités scolaires et deux diplômes post-bac de technicien et d’ingénieur en Génie Civil.

Je me suis épanoui pendant plusieurs années sur divers projets et j’ai eu un début de carrière avec une évolution rapide. Il suffit d’être adaptatif et d’aimer le défi pour réussir dans l’ingénierie de la construction. C’est un milieu passionnant, technique et une part d’humain est très sympa dans ce domaine.

Mais au bout d’un certain temps, j’ai réalisé que je ne voulais plus de cette vie de stress, de contraintes imposées par autrui et de rapports hiérarchiques incohérents. Je suis un idéaliste, le travail pour moi doit avoir un sens, et construire des ouvrages m’a toujours fait rêver. Mais, de plus en plus, mes projets étaient plus politiques qu’autre chose, et le manque de prise en compte de l’humain dans le métier devenait de plus en plus pesant.

Tout cela m’avait éloigné de mes valeurs inculquées par mes parents, et de mes centres d’intérêts, notamment la créativité, la nature et le partage que j’avais complètement mis en berne faute de temps et d’énergie notamment.

J’ai donc décidé qu’il était temps pour moi de voir autre chose.

Après avoir passé une année à chercher ce job idéal que je ne trouvais pas, j’ai donc fait le point avec l’aide de ma compagne, et elle m’a poussé vers une de mes passions qu’est la photographie. Je n’avais rien à perdre, j’avais de l’argent de côté et l’aide de Pôle Emploi pour créer mon entreprise avec une certaine sécurité. C’était le moment idéal pour se lancer dans une nouvelle aventure.

Pourquoi avoir choisi la photographie?

J’adorais piloter des projets et des équipes et m’en sortais plutôt bien dans le management, mais je ne voulais plus avoir à rendre des comptes. Il me fallait donc un travail où je pouvais être libre de mes horaires, travailler seul, sans avoir à faire de rapport et de paperasse sans fin pour justifier la moindre décision. J’avais envie d’apporter quelque chose de positif et surtout de ne plus devoir jouer au caméléon comme j’ai pu le faire.

Je suis un créatif, avec du recul je l’ai toujours été, mais j’ai fini ingénieur car bon élève comme nombre de mes collègues, mais pas forcément à ma place à long terme. J’ai toujours aimé fabriquer des choses de mes mains, des meubles, des cadres, cultiver, travailler concrètement et non derrière un ordinateur à stresser qu’un délai soit respecté pour que personne ne perde d’argent ou au mieux qu’on en gagne beaucoup. C’est trop abstrait pour moi cette vision du travail.

Je faisais de la photo pour moi depuis longtemps, et durant cette année de remise en question quelques personnes ont commencé à s’intéresser à mon travail en photographie de rue notamment. Je me suis dit pourquoi pas tenter l’aventure.

Qu’est-ce qui vous a aidé à oser franchir le cap de vous lancer dans ce métier de cœur ?

Maintenant que je connais l’artisanat, les difficultés d’être indépendant et de se créer une place dans un métier pour lequel on ne se sent pas légitime, je dirais que ce qui m’a convaincu c’est un coup de folie autour d’une bière avec un ami, à qui j’ai vendu ma première photo. Je me suis lancé sans rien y connaitre au métier, en fait. Je lui avais dit un truc du genre « le jour où je vendrai ma première photo, je réfléchirai à en faire mon métier ». Il m’a acheté le jour même ma première photo. Ça parait assez romanesque, mais il a été certainement l’un des gros déclics.

A côté de ça, je m’étais perdu moi-même dans mon métier, j’étais devenu une autre personne et la création me manquait terriblement. J’avais un peu d’argent de côté, pas de prêt à rembourser et pas encore de responsabilité de famille, je me suis dit que si je devais prendre un gros virage ce serait maintenant.

Quelles sont les plus grandes peurs/doutes que vous avez dû surmonter en passant d’ingénieur à photographe ?

Il y a tellement de choses qui font peur, quand on décide de faire une démarche de changement de vie… Il y a tout d’abord les réactions de l’entourage. Heureusement mes proches m’ont plus soutenu que freiné, mais il y a toujours la personne qui sous prétexte de vous protéger, projette ses propres peurs sur votre projet et essaye consciemment ou non de vous freiner.

Mais la plus grande des difficultés c’est la suivante. Dans mon cas, comme je fais maintenant un métier créatif et terriblement subjectif, je pense que le plus gros poids, et que je porte encore aujourd’hui est le poids de la légitimité. Il y a aussi les phases de regrets face aux difficultés qui sont complexes à gérer. Le métier d’avant était facile à faire même si pas épanouissant quand j’ai arrêté. On me donnait du travail, je le faisais et voilà. Ce n’est pas le même confort en tant qu’artisan indépendant, et les périodes de doutes sont nombreuses et rudes parfois. Mais elles sont nécessaires et permettent de se remettre en question.

Maintenant que vous exercez un métier que vous adorez et qui vous correspond, qu’est-ce que ça change pour vous ? Dans votre quotidien pro ET perso ?

Ça change tout, j’ai gagné la chose que j’espérais le plus avoir, c’est la liberté. Je travaille quand je veux sans avoir d’état d’âme à tailler mes arbres ou bricoler si je veux en journée, en semaine, et à travailler toute la nuit quand j’en ai envie, car c’est là que je suis le plus productif et à l’aise pour mon métier.

C’est très cliché, mais même quand je suis amené à traiter des sujets qui ne me passionnent pas dans la photographie, je n’ai pas l’impression de travailler. Il y a toujours du positif en fait. J’apporte le positif que je rêvais d’amener à mes clients, et je me suis clairement retrouvé moi-même à travers cette activité. Je suis plus en accord avec mes valeurs et ma personnalité sans aucun doute.

« Ca change tout, j’ai gagné la chose que j’espérais le plus avoir, c’est la liberté. »

Et surtout, je n’ai plus cette notion de travail et de vacances, de devoir vivre à fond pendant les 5 semaines de congés et ne pas être heureux le reste de l’année… J’ai conservé cette part de défis qui a toujours été un moteur dans ma vie, je dois souvent apprendre en technique pour pouvoir satisfaire un client par exemple. J’apprends beaucoup plus dans ce nouveau métier que dans mon ancien, je pense, et surtout dans beaucoup plus de domaines. Même le « statut » d’artisan, dont je suis fier et qui résonne à mon oreille comme quelqu’un de terrain et qui doit savoir se débrouiller, me rend plus fier que celui d’ingénieur en fait. C’est plus en accord avec mes valeurs et ma manière de vouloir bâtir ma relation aux autres.

Le côté financier a bien changé aussi, ce n’est pas négligeable surtout au début, mais même si je gagne beaucoup moins bien ma vie qu’avant et peut être avec plus de difficultés, chaque euro gagné, je ne le dois qu’à mon travail à moi et c’est une immense fierté. Et quand on revoit ses priorités, on réalise aussi qu’on n’a pas besoin d’autant de choses matérielles que ça.

Enfin, cette créativité retrouvée et cette libre gestion du temps m’ont permis dans un premier temps de m’investir dans le monde associatif du sport. Je n’avais jamais pu auparavant par manque de temps et parque toute mon énergie était prise par mon travail. Et maintenant que je suis papa, je peux passer une journée complète, le mercredi, avec ma fille, et cela participe à la construction d’une relation très saine et proche entre nous, que je n’aurais, avec certitude, pas pu avoir dans mon ancien métier.

Auriez-vous un conseil ou un message à faire passer aux ingénieurs/ cadres qui nous écoutent et qui ne se sentiraient plus à leur place dans leur travail mais qui n’osent pas franchir le cap de changer de voie ?

Pour répondre je vais partir de ce que j’ai pu entendre dire par mes collègues et amis ingénieurs quand je me suis lancé :

  • « Tu as de la chance de faire ce choix ». Chance et choix pour moi ne vont pas de pair. On fait un choix qu’on assume et si la chance donne un coup de pouce c’est un plus.
  • « Si je pouvais je le ferais aussi » Tout le monde le peut et souvent on se cache derrière des fausses excuses ou la peur, surtout du regard des autres.

Rester dans un métier où l’on passe quand même la majorité de son temps, de sa vie, alors qu’il ne nous plait pas n’a aucun sens. Ingénieur ne veut pas dire esclave comme beaucoup d’ingénieurs et de patrons l’entendent. Cela veut dire que vous avez un cerveau qui a été formé à réfléchir et c’est un atout majeur dans le cadre d’une reconversion même dans un métier plus manuel.

Au pire si vous vous plantez, vous trouverez toujours un emploi, peut-être pas aussi prestigieux et bien payé qu’avant de vous lancer, mais du travail pour les ingénieurs il y en a toujours. Et pour pouvoir passer une période difficile, il faut avoir l’humilité de faire un petit boulot alimentaire pour pouvoir lancer son propre projet par exemple. Je n’ai pas eu à le faire, mais je m’y étais préparé. Combien de personnes, ayant réussi professionnellement et qui s’épanouissent dans leur vie, sont passées par des petits boulots pendant qu’elles travaillaient sur leur projet de coeur?

Et la question principale à se poser, je pense : pourquoi est-ce que je reste? Pour l’argent? La gloire, ou le prestige? Par peur du regard des autres ou parce que je suis amoureux de l’image de réussite que je projette? Rien de tout cela ne rend réellement aussi heureux que d’aimer sincèrement sa vie et son activité, même s’il faut se serrer la ceinture et si on ne pourra peut-être pas se payer une grosse voiture de sport et vivre à fond pendant nos 5 semaines de congés payés.

Pour ceux qui sont intéressés pour voir ce que vous faites aujourd’hui, où peut-on vous trouver?

Mon site internet www.jkm-photographie.com, sur les réseaux sociaux notamment Instagram: @jkmphotographie, sur des expositions, et souvent à travailler dans des cafés de Strasbourg ou à photographier les gens vivre dans les rues de diverses villes en France ou à l’étranger. Sinon par tél ou autour d’un verre pour parler de renouveau et de virage à 180 degrés dans la vie 😉

Merci Julien pour ce partage en toute authenticité et bon vent! ✨

Equation de carrière - Caroline Potelle

Je suis Caroline Potelle. J’accompagne les ingénieurs/cadres à 1/ trouver LE job qui leur corresponde vraiment et leur permette de retrouver l’envie de se lever le matin et 2/ à construire de solides bases pour leur projet entrepreneurial afin d’attirer leurs clients avec confiance.

Mon mantra : « Quand il y a de la détermination, il y a toujours un chemin. »

Et si vous voulez aller plus loin…
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